La discussion du 19 novembre, animée par Yves V., a porté sur le sujet:

Qu'est-ce que le mal ?

 

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La discussion du dimanche 12 novembre, animée par Malik S., a porté sur le sujet

Multiculturalisme : impasse totale ?

 

Pour aller plus loin:

- Un article de Wikipedia sur le sujet

- Une réalité très ancienne: multiculturalité antique

- Le cas de la Bosnie-Herzégovine

 

 

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La discussion du dimanche 5 novembre, animée par Yves C., a porté sur le sujet

Pouvons-nous encore espérer un monde meilleur ?

Comme beaucoup d'expressions que nous utilisons de manière quotidienne, l'idée d'un monde "meilleur" n'est en fait simple qu'en apparence. Il n'est pas facile de saisir immédiatement ce qu'une telle expression peut vouloir dire exactement et à peine une participante a-t-elle émis l'idée qu'un monde meilleur serait un monde où la vie est plus facile que d'autres voix s'élèvent pour affirmer qu'un monde où nous ne devrions plus faire d'efforts ne serait pas nécessairement meilleur puisqu'il ne nous laisserait pas l'opportunité de nous développer.

"Meilleur" nous rappelle un autre participant est un terme de nature comparative qui se réfère à "bon". Être "meilleur" c'est être davantage bon qu'autre chose. Ainsi, ce que nous considérons être un monde "meilleur" nous renseigne sur nos valeurs et ce à quoi nous attachons de l'importance.

Sommes-nous certains que nous pensons tous à la même chose quand nous parlons d'un monde meilleur ?

Ces réflexions préliminaires étant posées, c'est ensuite la notion d'espérance qui est mise en.question. plutôt que d'espérer ne s'agirait-il pas de travailler à rendre le monde meilleur ? La vie nous a en quelque sorte équipés pour relever ce genre de défi. Nous sommes capable de grandir, de nous développer, de prendre soin et de poser des choix.

L'idée est posée qu'un monde meilleur pourrait être un monde plus juste. Mais qu'est-ce qu'un monde juste? Si on en croit Chaïm Perelman, il y a de nombreux principes de justice qui entrent en concurrence sans étalon pour les départager: à chacun la même chose, à chacun selon ses efforts ou ses mérites, à chacun selon ses besoins, à chacun selon sa contribution,... Ou trouver la justice parmi cette diversité de conceptions?

Vers la fin de la discussion l'idée apparaît que face à un monde changeant et incertain, avec des ressources limitées, un monde meilleur pourrait, plutôt qu'un monde qui se rapproche d'un modèle idéal, un monde davantage résilient et adaptable.

Espérer ou construire un monde "meilleur" pourrait-ce être désormais contribuer à construire un monde en mesure de répondre au changement et à l'incertitude?

 

 

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La discussion du dimanche 29 novembre, animée par Yves V. a porté sur le sujet

"Est-il possible de changer notre système de croyances ?"

 

Quelques éléments de la discussion:

Dès le sujet posé, la question se pose du rapport entre les croyances, les valeurs, les goûts, l'identité et quelques autres concepts aux contours mal assurés.

Un des participants propose les définitions suivantes: les croyances, c'est ce que nous considérons comme vrai ; les valeurs, ce que nous considérons comme juste ; et les goûts, ce que nous considérons comme beau.

Pour un autre, il faudrait faire, au sein de la catégorie de "ce que nous considérons comme vrai", une différence entre ce qui est où n'est pas corroboré par la recherche scientifique. Dans le premier cas, on parlerait de "savoir" et dans le second seulement de "croyances". Reste toutefois qu'une "vérité" ou un "savoir" scientifique est bien souvent de nature temporaire (jusqu'à l'émergence d'une meilleure théorie) ou probabiliste (par exemple: le médicament soigne, oui, mais seulement dans 82 % des cas). Que "sait"-on dès lors exactement lorsque l'on "sait" ?

L'identité, quant à elle, elle recouvre un concept encore plus complexe, en ce sens que ce concept contient la nécessité de la différence.

Si je dis que l'armoire sur le mur de gauche est identique à celle sur le mur de droite (elles sont toutes les deux les mêmes - "idem" en latin) cela signifie bien qu'il s'agit de deux armoires différentes.

De la même façon, si je dis que l'animateur de la discussion d'aujourd'hui est le même que celui d'il y a deux semaines, en l'occurence Yves V., cela signifie bien que ce dernier, même s'il est la même personne ("ipse" en latin) se trouve dans une autre temporalité et donc, pas exactement dans les mêmes conditions.

On emploie aussi le concept d'identités au pluriel pour désigner des choses (supposées importantes) que plusieurs personnes auraient en commun. Par exemple on évoque parfois l'identité belge, l'identité chrétienne ou quelques autres. Là encore, il est impossible de ne pas voir que ces "identités" recouvrent des façons de vivre, d'être et de penser caractérisées par une multiplicité évidente.

 

La discussion revient alors au coeur du sujet et de nombreux participant semblent s'accorder sur le fait que nous pourrions, en prenant de la distance, en exerçant un regard critique sur nos croyances, faire évoluer ces dernières. La rencontre et l'expérience ont d'ailleurs un rôle important dans ces évolution. Une participante née dans une famille de langue néerlandaise nous explique a quel point son mariage lui a permis d'apprécier davantage la culture et la littérature francophone mais aussi de changer son point de vues sur les deux langues en question.

 

Dans la discussion, apparaît aussi l'idée que nos croyances seraient par définition mouvantes. Ainsi une personne née en 1917 à Leidenstadt (pour reprendre les mots d'un auteur bien connu) pourrait avoir exploré une très grande variété de systèmes de croyances tout au long de son existence et s'être tour à tour trouvée séduite par des idéologies opposées en tous points. 

 

Pour parler de ce qui dans nos croyances fait "système", l'analogie avec la tectonique des plaques est évoquée

 

La conversation se termine sur une idée qui reste à explorer : et s'il ne s'agissait pas tant de changer nos croyances que de les enrichir ?

 

 

Pour aller plus loin:

- Soi-même comme un autre, Paul Ricoeur

- La réduction de la dissonance cognitive, Leon Festinger

- Comment naissent les croyances complotistes ?, Hugo Bottemanne

 

 

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La discussion du 22 octobre 2023, animée par Yves C. portait sur le sujet 

"Est-il possible d'être heureux dans un monde dans lequel on ne se reconnaît pas ?"

 

 Après un départ riche en tâtonnements et recherches de définitions ("qu'est-ce que le bonheur ?", etc.) la première partie s'est centrée pour un moment sur la question de la démocratie. Une démocratie étant, par essence, une forme d'organisation sociale dans laquelle chacun est libre de vivre selon des valeurs et des priorités différentes, il est par nature impossible que chacun puisse s'y reconnaître en permanence.

La société démocratique (on parle de la démocratie représentative telle qu'elle existe aujourd'hui dans les pays occidentaux) met en place un système fondé sur la limitation du pouvoir que ce soit dans le temps (le recours aux élections à intervalles réguliers), sur sa portée (la reconnaissance de principes supérieurs et intangibles que même la majorité ne peut pas remettre en cause ni même suspendre à moins de circonstances exceptionnelles - on penses aux droits humains et aux libertés fondamentales) et sur son partage entre des instances diverses (la séparation - plus ou moins bien assurée - entre les divers pouvoirs de la nation).

On sent toutefois que même en démocratie, un certain nombre d'éléments restent plus ou moins difficiles à changer par la voie électorale. Si voter à gauche peut aider à défendre plus ou moins efficacement le système de pensions et la sécurité sociale, cela ne permettra pas nécessairement de changer la nature de notre économie (une économie de marché, pour simplifier) de manière radicale.  Il y a donc bien un "donné" collectif (au-delà des simples libertés fondamentales) plus difficile et plus long à modifier que ce que permet la simple alternance démocratique. Que faire, dès-lors, si nous ne nous reconnaissons pas dans ce "donné" ?

Certains participants poussent très loin leur critique de la démocratie en faisant de ce régime la source de toute corruption. L'argument est évidemment facile à défaire tant il est évident que les régimes où n'existent ni contre-pouvoirs, ni liberté de la presse ou liberté d'expression, ni alternance au pouvoir sont infiniment plus susceptible de faire l'objet de corruption. S'il y a bien de la corruption en démocratie, il y en a toujours bien davantage dans des régimes autoritaires ou dictatoriaux ou nul ne s'oppose à la voix du ou des "chefs".

La deuxième partie de la discussion permet ensuite au groupe de s'interroger, notamment, sur le lien un peu automatique que nous semblons tous faire entre notre bonheur et des questions politiques, c'est à dire des questions liées au partage du pouvoir et des ressources que ce soit dans la sphère étatique ou dans la sphère économique.

La question est posée de l'intérêt qu'aurait un bonheur qui serait simplement personnel ou "domestique" par rapport à un bonheur qui intégrerait le champ de l'organisation du pouvoir et de la société. Certains nous appellent à trouver un juste équilibre entre un engagement pour des valeurs communes et "politiques" et la capacité à cultiver son jardin qu'il soit personnel, familial ou amical. 

D'aucuns nous rappellent aussi la possibilité qui existe de vivre des bonheurs en marge de la société et de ses valeurs dominantes, que l'on soit punk à chien, anarcho-syndicaliste ou poète maudit.

Pour terminer, l'animateur invite les participants à se remémorer en silence leur moment de bonheur le plus marquant.  Chacun est alors invité à garder ce souvenir pour lui ou elle-même et à repartir avec la question : cela avait-il un rapport avec la politique ou l'organisation de la société ou de l'économie ?

Nous terminons alors la séance par la lecture d'un superbe texte d'une poétesse dont le nom m'a échappé.

 

"Désert barbare

De mirage en mirage saturé d’échos enfuis
Par le flanc droit les brumes épaisses
Attendre « no body » c’est quelquefois interminable 
Lorsque la nuit se place ad vitam aeternam
Il faut s’établir un repaire bienfaiteur
Je sais d’expérience que s’entêter peut servir
Bien qu’il soit téméraire d'incendier nos cervelles au gasoil
Le courage « rend force » 
Trotter sans cuirasses
Tel un petit d’homme si semblable au vétéran devenu dépendant
La main levée conforme à l'image d’un lampadaire forçant l’espace de sa lumière
Bien le bonjour aux forces « diabolo » aux autres « Célestine  & Co »
Le barbu d’en haut m’a sanctionné du péché de naïveté  Qui l’eut cru ? La maison « Lustucru » ? je préfère « Delacre »
Pardonner aux imbéciles on dit ! Déjà qu’ils se pardonnent eux-mêmes 
Alors que faire ?
« Vamos » pousser la double-porte ! Braver les interdits des bien penseurs
Nous avons tous dans les tripes l’appréhension le goût du rêve absolu

Le pacte est signé moyennant l’assurance d’une place de première au purgatoire des innocents
C’est la montée des berbères caucasiens dissimulés et reclus trop longtemps
C’est l’élévation d’un troupeau d’enfants en marche vers la réincarnation
Voyager dans le monde ne nous conduit nulle part                 
Jurant pourtant qu’il est vital
D’abonder nos mémoires d’autres univers
De nourrir nos cœurs d’autres charmes
De caresser nos papilles d’effluves nouvelles
De se prendre pour amant" Nasa "pour s'envoyez au ciel.                    De « vaguer » de méprises en éblouissements
De vivre sa vie par tous nos pores
D’un bout à l’autre de notre destinée
Il ne sert à rien un banc de têtards assiégeants les océans stériles
Il ne sert à rien les spasmes d’hommes et de femmes affaiblis presque maudits
Il ne sert à rien de «bonheurer » à tout prix
Vivre me suffit ! Heureusement ! Fort heureusement !"

 

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La discussion du 15 octobre 2023, animée par Malik Spahic portait sur le sujet

"Qu'est-ce qu'un faux problème ?"

 

 

 

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La discussion du 8 octobre 2023, animée par Jean-Claude L. portait sur le sujet

"Qu'est-ce qu'une riposte juste?"

 

 

L'essentiel du débat

Avec pour point de départ les assassinats et enlèvements terroristes perpétrés par le Hamas ce weekend en Israël, c'est le sujet de la "riposte juste" qui a été posé comme sujet pour notre conversation.

D'entrée de jeu, un intervenant souligne que la question de la guerre juste se pose, et trouve un certain nombre de réponses, depuis au moins l'antiquité (c'est un des sujets qui traverse le Mahabharata). Pour Thomas d'Aquin, par exemple, est juste une guerre ordonnée par une autorité légitime, poursuivant une cause juste et dépourvue d'arrière-pensées. Pour Francisco de Vitoria, une guerre (qui est toujours un mal redoutable) est juste si elle a pour objet d'éviter un mal plus grand. Toujours est-il qu'un relatif consensus existe depuis longtemps sur le fait qu'il puisse exister des guerres justes.

Le débat prend alors la direction de la "proportionnalité". Une riposte, pour être juste devrait être "proportionnelle". Mais cette question de la proportionnalité semble difficile à définir.

Une approche du type "tu as tué 100 de mes hommes, je tuerai 100 de tes hommes" n'est pas exactement la conception que nous nous faisons d'une proportionnalité qui soit "juste".

D'autres intervenants suggèrent que par "proportionnalité", il faudrait plutôt entendre le niveau de force nécessaire à mettre fin à l'attaque et à placer la ou les personnes attaquées à l'abri. Parfois une grande force est nécessaire pour faire cesser la violence d'un nombre plus ou moins réduit d'assaillants. 

Face à des conflits répétitifs, le souhait est amené par certains participants que des autorités internationales puissent assumer le rôle d'arbitre voire de force d'interposition. Les expériences des "casques bleus" au Rwanda ou en Bosnie sont citées comme quasiment des contre-exemples d'une telle possibilité. Les Nations-Unies semblent non seulement impuissantes militairement, mais elle ne semblent pas nécessairement en mesure d'assumer le rôle de "tierce partie neutre" vu les jeux de forces politiques qui ont lieu en son sein.

La question des tribunaux internationaux est également posée. Si un tribunal comme celui de Nuremberg a du sens après la guerre pour juger les crimes qui s'y sont commis, il ne semble pas réaliste de penser que l'on puisse arrêter une guerre avec du droit. 

Dans une perspective davantage teintée d'espoir, plusieurs personnes mentionnent le grand intérêt de maintenir un dialogue de citoyens à citoyens entre les parties en conflits. Ce ne sont que ces rencontres ou ces dialogues qui donnent parfois la possibilité, une fois le conflit terminé de recommencer à vivre ensemble dans une société transformée (on pense au processus de réconciliation en Afrique du Sud après l'apartheid).

Bref, nous terminons la discussion en nous étant éloignés de la question d'origine pour nous poser celle d'une possible fin des hostilités et d'une reprise de la vie en "bon voisinnage".

D'aucun pensent que la violence est allée si loin dans ce coin du monde que ce serait impossible. Nous leur opposons les multiples exemples (le dernier en date étant celui de la France et de l'Allemagne, d'ennemis irréconciliables devenus des partenaires dans un avenir commun.)

 

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La discussion du dimanche 1er octobre, animée par Yves V., a porté sur le sujet :

"Le langage limite-t-il l'expression de notre sensibilité?"